Anne Eppler photographie des personnes qui lui sont inconnues.

Dans un premier temps, elle frappe à la porte des maisons, au hasard, ou bien parce que celles-ci évoquent chez elle un souvenir, voire une émotion. Parfois, elle aborde aussi les gens dans la rue. Le moment qu’elle préfère le plus dans son travail est l’instant où elle s’ouvre à une rencontre inédite, la plongeant dans l’inconnu. Toutes ses photographies sont faites dans un mélange de peur et d’excitation issue de cet instant. Elle imagine l’autre, le rêve, le fantasme, cherchant à réaliser des images qu’elle a déjà en tête. De l’étrange état intérieur que suscitent chez elle ces rencontres, de l’intimité que ces personnes lui offrent et de la confiance qu’elles lui accordent, est né le souhait de garder une trace, par leurs gestes et leurs regards, de ces moments en images : « Il s’agit d’installer une confiance avec mon sujet et d’atteindre une forme de lâcher prise, d’abandon de soi, afin de produire une image familière qui suspende totalement la méfiance. »

La palette chromatique et lumineuse, singulière, qui donne forme à ses photographies, rassemble ces personnes comme faisant partie d’une même famille. De ses photographies, émane alors une certaine douceur mêlée d’étrangeté.