L’exposition GBLD se présente essentiellement sous la forme d’une installation in situ qui se nourrit des préoccupations actuelles de l’Artiste. Il se focalise ENTRE et mets en scène les espaces de transformation, les strates imperceptibles et les processus en cours. L’artiste fait appelle à l’apesanteur, aux matières naturelles et aux formes symboliques, aux signes et références de notre culture visuelle. Les histoires se dessinent, des amorces de récits émergent à travers des processus telluriques ou vains dispositifs mécaniques.
Une verticalité persiste d’une proposition à l’autre et sert de fil conducteur. Elle est symbolique quand elle simule l’autorité administrative, aérienne quand elle joue avec l’apesanteur, scientifique quand elle reconstitue l’ascension des vers à travers la terre, psychologique quand elle nous mène aux bas fond de nos imaginaires et fait remonter les images les plus enfouies.
Les sculptures ont soif, les oyas sont des récipients en terre remplis d’eau, enterrés habituellement au milieu des cultures pour hydrater par porosité la terre cultivée. Ces objets sont le reflet d’une pratique ancestrale d’irrigation que l’artiste convoque au coeur de son dispositif principal. Les Assoiffés, nom de l’installation, sont ces oyas que l’artiste a moulé en Nain de Jardins, autre tradition culturelle qui hante nos Jardins. Le goutte à goutte rythme et anime la scène tout en figeant le temps. Les chutes de chaque goutte deviennent l’interstice qui fait liant au sein de l’installation et son dispositif ; Une infime action, épurée, qui avec économie régule l’équilibre de ce paysage inerte. En jouant avec les contrastes, l’Artiste a concentré un espace verdoyant derrière un mur. Celui de l’administration des flores, accessoirement l’accueil de l’Ecole d’art.
Une autre hybridation, Entre ciel et terre, où la terre du sculpteur, ici restée à son état de Pain rejoue une évolution naturelle. Les vers à qui nous faisons confiance pour notre compost deviennent la matrice qui sculpte la terre, de strates en strates jusqu’à la surface et la fin de l’exposition.
En descendant les escaliers nous retrouvons ce monde de visions celles que la nature nous fait percevoir entre deux rainures d’une écorce, un nœud de bois ou une branche.
Derrière le brouillard, tout au fond, l’espoir vain d’un autre jour, d’un nouveau monde over the rainbow que Thierry Liégeois nous dépeint. L’artiste hybride, articule à nouveau références populaires, scénographie et réferences explicites à l’histoire de l’art du ready- made à la vanité.
Thierry Liégeois vit et travaille à Belfort. Après ses études d’art, il est revenu s’installer à Belfort. Il continue ses va et vient d’un projet d’exposition à une résidence en France ou à l’étranger. C’est un acteur de l’art contemporain mais qui vit à Belfort, et ils sont peu nombreux. Depuis quelques années, il nous a paru naturel de lui proposer d’installer une partie de son atelier au milieu des ateliers de l’Ecole d’art.
Thierry Liégeois aime bricoler sa mobylette, il aime faire pousser des légumes dans son jardin.
Dans un même élan il expérimente, récupère et réalise ses croisements qui construisent sa démarche artistique. Les éléments qui reflètent une culture pop, symboles et objets se retrouvent systématiquement agencés entre-eux, l’artiste les détourne pour leur donner une fonctionnalité. Thierry Liégeois joue par analogies, par associations d’idées, rien d’original à priori dans une articulation répandu dans l’art contemporain. Mais l’artiste répare, customise, hybride, améliore. Il s’approprie des techniques et ne peut s’empêcher de faire, de pratiquer. Le plaisir de faire mais aussi le plaisir de voir l’intérêt artistique de la forme qui émerge.
Thierry Liégeois partage nos centres d’intérêts à l’Ecole d’art. Il intervient au Jardin, côtoie les profs, les élèves et les étudiants. Il investit donc la Cantine d’art contemporain de l’Ecole d’art en cette rentrée 2020.