Dancing Machines
Avec les œuvres de Emmanuelle Antille, Hans Bellmer, Anna et Bernhard Blume, Robert Breer, Gabrielle Conilh de Beyssac, n + n Corsino, Justine Emard, Christelle Familiari, Esther Ferrer, Daniel Firman, William Forsythe, La Ribot, Les frères Lumière, Agnès Geoffray, Laurent Goldring, Jürgen Klauke, Micha Laury, Senga Nengudi, Tony Oursler, Gilles Paté et Stéphane Argillet, Markus Raetz, Oskar Schlemmer, Paul Mpagi Sepuya, Veit Stratmann, Erwin Wurm.
L’image première et fondatrice est celle de notre propre reflet. C’est elle qui permet la prise de conscience de soi, de notre altérité et qui induit notre relation à l’Autre. Les représentations que nous avons de nous-même sont donc le fruit d’une négociation avec le monde qui nous entoure, avec le corps des autres, avec l’image que nous avons des autres.
Dans le domaine artistique, la représentation du corps est le reflet de nos conceptions religieuses et philosophiques successives. Notre histoire de l’art et de la danse fait état de leur évolution comme des grands bouleversements sociétaux et idéologiques que nous traversons. Avec les horreurs du XXe siècle, les guerres et les génocides – qui se perpétuent encore aujourd’hui – les représentations du corps ont balayé les codes traditionnels, prenant acte d’un effondrement de l’humanisme.
Ainsi, après les corps défigurés, tourmentés, déchirés, désarticulés, fragmentés d’Edvard Munch, Pablo Picasso, Jean Fautrier, Alberto Giacometti ou Francis Bacon, pour ne citer que ceux-là, est venu celui de l’art « posthumain », intrinsèquement lié aux progrès de la génétique, de la chirurgie esthétique et des biotechnologies.
Parallèlement, l’histoire de la danse au XXe siècle témoigne d’une identique remise en question des codes académiques pour expérimenter le champ des possibles du corps et s’acheminer vers plus d’expressivité et de liberté. Au gré de la complexification de ses partitions, la danse s’est rapidement intéressée à l’étude des potentialités internes du corps (de L’Homme de Vitruve de Léonard de Vinci à la Kinésphère du danseur, chorégraphe et théoricien de la danse Rudolf Laban), pour tenter d’en dépasser les contraintes.